Bettina
Reichert

        Le vent: un sifflement, un souffle, un battement, tantôt doux, tantôt bruyant, qui souffle autour de la maison de l’artiste Bettina Reichert. Elle l’a fixé dans trois blocs de cire, avec en accompagnement un enregistrement sonore du vent : son mouvement, son empreinte, sa trace, sa sonorité. Comme de l’air figé, comme un mouvement solidifié sous l’action du froid, cet élément volatil est conservé, un peu comme un fossile.
        Les travaux de Bettina Reichert sont des révélations feutrées et sensuelles de matières. L’œil se mue en organe tactile sensible, glisse sur les surfaces, en sonde les contours. Les œuvres présentées dans 
le cadre du Prix d’Art Robert Schuman illustrent de manière exemplaire la création artistique de Bettina Reichert, sa confrontation silencieuse mais insistante avec la suie et la cire. L’une souple, malléable, translucide ; l’autre rugueuse, noire, lourde. Et pourtant, ces matériaux naturels se complètent mutuellement de manière poétique. Le feu, la chaleur, la fragilité, la transformation.
        La cire a intégré le travail de Bettina Reichert grâce à la peinture à l’encaustique ou peinture à la cire, une technique de peinture historique qui utilise la cire chaude pour lier les pigments. Ici, elle a découvert les propriétés spécifiques du matériau : son durcissement rapide, la surface mate, partiellement opaque, sa singularité. Le matériau ne se contente pas de sécher tout simplement, il se fige, se forme, se rétracte, se plisse, une peau se crée, il lie la poussière et les particules. Au lieu de contrôler ces propriétés, Bettina Reichert les laisse agir, le mouvement, la tension et la transformation s’y inscrivent.
        La suie arrive avec ses spécificités. Elle est le produit de la combustion et constituée de fines particules de carbone. Pour Bettina Reichert, la suie est plus qu’un pigment, elle est couleur, trace, substance, porteuse de sens. Tantôt d’un noir profond, tantôt grise, tantôt brune comme la terre, elle investit les supports picturaux. Les conditions de sa production, la durée de la combustion, le matériau brûlé, la température, définissent son aspect, son grain, sa couleur, sa brillance et son comportement à l’utilisation. Le processus de production, ses propriétés physiques et son histoire sont pour l’artiste autant de sujets d’étude qui se fondent dans le travail artistique. La suie est couleur, matériau, processus, trace, symbole.
        Les œuvres de Bettina Reichert sont des tentatives tâtonnantes d’approcher son matériau. Comment se laisse-t-elle appliquer ? Comment fait-elle corps avec le support ? Quelles couleurs sont créées, quelles réactions sont provoquées au contact d’autres matériaux ? Peut-on appliquer plusieurs couches successives, faire des superpositions, en retirer ? Quels résultats peut-on obtenir à partir d’approches différentes ? Quelles histoires sont ainsi contées, chargées de sens, d’histoire culturelle, de traditions, de rites ? Avec la suie et la cire, l’artiste recherche, interroge, expérimente, toujours en réaction directe au comportement de la substance.
       Wind – ein Pfeifen, ein Pusten, ein Klopfen, mal leise, mal rauschend weht er um das Haus der Künstlerin Bettina Reichert. In drei Wachsblöcken, begleitet von einer Tonaufnahme des Windes, hat sie ihn festgehalten: Seine Bewegung, seinen Abdruck, seine Spur, seinen Klang. Wie erstarrte Luft, wie eingefrorene Bewegung – das flüchtige Element wird, einem Fossil ähnlich, konserviert.
       Bettina Reicherts Arbeiten sind stille, sinnliche Materialerschließungen. Das Auge wird zum fühlenden Sinnesorgan, gleitet über die Oberflächen, ertastet ihre Strukturen. Die im Rahmen des Kunstpreises Robert Schuman präsentierten Werke zeigen exemplarisch Bettina Reicherts künstlerisches Schaffen, ihre stille, aber eindringliche Auseinandersetzung mit Ruß und Wachs. Das eine weich, formbar, lichtdurchlässig; das andere rau, schwarz, schwer. Und doch ergänzen die gegensätzlichen Naturstoffe einander auf poetische Weise. Feuer, Wärme, Zerbrechlichkeit, Transformation.
       Wachs kam Bettina Reichert über die Enkaustik in ihr Werk – eine historische Maltechnik, bei der heißes Wachs als Bindemittel für Pigmente verwendet wird. Hier begegnete sie den spezifischen Eigenschaften des Materials: seiner raschen Erhärtung, der matten, teils opaken Oberfläche, seiner Eigenwilligkeit. Es trocknet nicht einfach – es erstarrt, formt sich, zieht sich zusammen, wirft Falten, bildet Haut, reißt, bindet Staub und Partikel. Statt diese Eigenschaften zu kontrollieren, lässt Bettina Reichert sie wirken – Bewegung, Spannung und Wandel sind eingeschrieben.
       Ruß kommt mit seinen Eigenheiten. Er entsteht aus Verbrennung, besteht aus feinen Kohlenstoffpartikeln. Für Bettina Reichert ist Ruß mehr als nur Pigment – er ist Farbe, Spur, Substanz, Bedeutungsträger. Mal tiefschwarz, mal grau, mal erdig braun tritt er auf den Bildträgern in Erscheinung. Die Konditionen seiner Gewinnung – Brenndauer, Brennmaterial, Temperatur – bestimmen sein Erscheinungsbild, Körnung, Farbe, Glanz und das Verhalten des Materials bei der Verwendung. Der Prozess seiner Gewinnung, seine physikalischen Eigenschaften, seine Geschichte:
All dies beschäftigt die Künstlerin, all dies geht ein in die künstlerische Arbeit – Ruß ist Farbe, Material, Prozess, Spur, Sinnbild.
       Bettina Reicherts Werke sind tastende, versuchshafte Annäherungen an ihr Material. Wie lässt es sich auftragen? Wie verbindet es sich mit dem Bildträger? Welche Farben entstehen, welche Reaktionen treten mit anderen Materialien auf? Lässt es sich schichten, überlagern, abtragen? Welche Resultate erzeugen unterschiedliche Herangehensweisen? Welche Geschichten bringt es mit sich – aufgeladen mit Bedeutung, Kulturgeschichte, Traditionen, Riten? Die Künstlerin Umgang mit Ruß und Wachs ist forschend, fragend, experimentell – immer in direkter Reaktion auf das Verhalten der Substanz.



Galerie de l’Arsenal

Sans titre, suie, acrylique sur toile, 70 x 100 x 3,8 cm, 2025.
Ohne Titel, 70 x 100 x 3,8 cm, Ruß, Acryl auf Leinwand, 2025.

Atem, [Souffle], boules de cire creuses, 9 cm, 8 cm, 6 m, module issu de l’installation spatiale Atem, cire, pigment, 2021.
Wachshohlkugeln 9 cm, 8 cm, 6 cm, Modul aus der Rauminstallation Atem, Wachs, Pigment, 2021.

Schlacke[Scories], scories, bloc de cire, ca. 10 x 10 x 15 cm, 2022.
Schlacke, Wachsblock, ca. 10 x 10 x 15 cm, 2022.

Biographie
        Bettina Reichert, née en 1967 à Trèves, a grandi en Sierra Leone et au Libéria. Artiste-auteure, elle développe un travail autour de la peinture, de l’encaustique et de l’installation. Reichert commence sa carrière artistique en autodidacte. De 2009 à 2011, elle suit des cours de peinture libre à l’Académie européenne des Beaux-arts de Trèves et à l’Académie libre d’Essen. Depuis 2012, Reichert enseigne et propose des stages dans son propre atelier. En 2021, elle obtient une bourse de la Fondation pour la culture du Land de Rhénanie-Palatinat. Les œuvres de Reichert sont régulièrement exposées en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg.

Biografien
          Bettina Reichert (*1967 in Trier, aufgewachsen in Sierra Leone und Liberia) ist freischaffende Künstlerin mit Schwerpunkt in Malerei und Enkaustik und Installation. Ihr künstlerisches Schaffen begann Reichert als Autodidaktin, von 2009 bis 2011 absolvierte sie Kurse in Freier Malerei an der Europäischen Kunstakademie Trier und der Freien Akademie Essen. Seit 2012 ist Reichert als Dozentin tätig und bietet Kurse in ihrem eigenen Atelier an. 2021 war sie Stipendiatin der Kulturstiftung Rheinland-Pfalz. Reicherts Werke sind regelmäßig in Ausstellungen in Deutschland, Belgien und Luxemburg zu sehen.
Lieux d’exposition Ausstellungsort

 


Arsenal
Jean-Marie Rausch
3 Av. Ney
57000 Metz

Galerie Octave Cowbell
4 Rue du Change
57000 Metz


École Supérieure d’Art de Lorraine
1 Rue de la Citadelle
57000 Metz

Prix d’Art  Kunstpreis
Robert Schuman 2025
Partenaires Partner
École Supérieure d'Art de Lorraine, galerie Octave Cowbell, Cité musicale-Metz, Ville de Metz, Quattropole, Département de la Moselle, Frac Lorraine, Bliiida, Centre Pompidou-Metz.